Réflexions de photographe

L'année touche bientôt à sa fin et, je pense que toi comme moi, nous nous disons « encore une année passée trop vite ». C'est un sentiment que je n'avais pas plus jeune, peut-être une réalité qui frappe l'âge adulte : le temps qui passe, qui passe trop vite. Avec les années, nous prenons conscience que les jours s'enchaînent sans que nous ayons toujours le temps de les savourer pleinement.

Chaque année, j'ai l'impression de traverser la période des fêtes de fin d'année dans une sorte de tourbillon. Entre la recherche d'idées de cadeaux, les préparatifs, les déplacements si tu vit loin ses proches, et les repas qui s'enchaînent... Les fêtes passent si vite que je réalise souvent ne pas avoir vraiment pris le temps de savourer l'instant présent. Je me dis toujours : cette fois, je ralentis. Mais chaque année, tout file à nouveau, trop vite.

Dans un monde où les objets s’accumulent, où les cadeaux se déballent puis s’oublient, il existe une autre manière d’offrir : celle de créer un souvenir. Offrir une séance photo, c’est offrir bien plus qu’un simple cliché. C’est offrir une parenthèse dans le rythme effréné du quotidien, un instant pour soi ou à partager. C’est dire à quelqu’un : “Tu mérites d’être vu(e), célébré(e), gardé(e) en mémoire.” Une séance photo devient un souvenir en soi.

Je photographie tout. Absolument tout. Tout le temps. Souvent, mes proches me disent qu'à force de prendre des photos, je passe à côté du moment. Que je ne profite pas. Mais je ne suis pas d'accord. Photographier, c'est justement ma façon de vivre. Ce n'est pas une manie, c'est une manière de ressentir. D'être là, pleinement.

Je me souviens de la première fois où j'ai vu une photographie de Robert Doisneau. J'étais enfant, et je choisissais le calendrier familial dans le sac de notre postière. Mon regard s'est arrêté sur ces photos en noir et blanc : des enfants qui souriaient, rigolaient, s'amusaient. Le photographe avait capté l'insouciance, les émotions, les éclats de vie. En tenant ce calendrier entre mes mains, j'étais captivée.

La lumière d'automne ne dure pas longtemps. C’est dans cette lumière-là que j’aime photographier. Elle correspond à mon rythme, à mon intention : capter l’authenticité, la douceur, la vérité d’un instant. Elle me permet de créer des portraits qui respirent.

La photographie est souvent perçue comme un simple clic. Un clic rapide sans profonde intention. Mais derrière ce geste se cache un métier invisible, fait de préparation, de sensibilité, et d’expertise. Quand tu réserves une séance, tu achètes bien plus qu’un moment devant l’objectif. Tu investis dans tout ce qui précède, accompagne et suit ce moment.

Pour chaque séance photo, il y a un monde invisible. Ce que le client ne voit pas, mais qui façonne chaque image. Aujourd'hui, je t'emmène dans ce qui précède mes shootings : la préparation relationnelle, l'élan créatif, et ce rituel intérieur qui m'aide à être pleinement présente.

C'est quoi la street photographie ? C'est l'art de photographier la rue, les gens, le quotidien brut. Pour moi c'est une quête, pas juste celle du bon cliché, mais celle du moment vrai dans le chaos urbain. Photographier le banal pour le rendre poétique.

Quand on pense à une séance photo, on imagine facilement un modèle parfaitement à l'aise, presque instinctif. Et un photographe sûr de lui, qui dirige avec une sorte d'évidence. Mais dans la réalité, c'est souvent tout autre.

On me demande souvent ce qui m’inspire. La réponse n’est jamais simple, mais elle est toujours sincère. Depuis de plusieurs années, je suis fascinée par l’art visuel asiatique. Ce sont les dramas, bien sûr, mais aussi les shootings éditoriaux pour des magazines comme Vogue China, Arena Korea ou encore le travail de photographes et créateurs de contenus comme Tatsuki ou only.grapher. Il y a dans ces images une fraîcheur, une précision, une poésie visuelle qui m’inspire profon

Quand j’ai commencé à prendre des photos, ce n’était pas avec une grande ambition artistique, mais plutôt avec l’envie de capturer des instants simples. Un regard entre deux rires. Une lumière douce sur un visage familier. Ce sont ces moments-là qui m’ont fait comprendre que ce que je préférais, c’était les gens.