Photographe et modèle : quand la timidité devient un langage
- lauriegoubard
- 21 juil.
- 3 min de lecture
“Je ne dis pas aux gens comment poser. Je les aide à se sentir bien, et le reste vient.” - Annie Leibovitz
Quand on pense à une séance photo, on imagine facilement un modèle parfaitement à l'aise, presque instinctif. Et un photographe sûr de lui, qui dirige avec une sorte d'évidence.
Mais dans la réalité, c'est souvent tout autre. Il y a de la réserve des deux côtés.
C'est une rencontre entre deux personnes qui, chacune à leur manière, ont besoin de temps pour se sentir en confiance.
Il y a des regards timides, des gestes un peu hésitants, des silences qui en disent long.
Et c'est justement dans ces instants-là, loin des clichés d'un duo expert, que peut naître le portrait le plus juste, le plus authentique.
Je suis une photographe réservée. Et je le vis plutôt bien !
Réservée ne veut pas dire être silencieuse, effacée ou hésitante.
On décrit souvent la timidité, la réserve, de manière péjorative. Je ne suis pas d'accord. Ma propre timidité, je ne la vois pas comme un obstacle.
Je la considère comme une forme de politesse envers l'autre, un temps offert pour créer un espace accueillant entre nous.
Les premiers instants d'une séance me servent justement à ressentir les choses, à trouver le bon rythme, à comprendre l'autre : ses gestes, son état, ses mots…
Les personnes que je photographie ne sont pas des modèles professionnels.
Elles n'ont jamais posé, et souvent, elles arrivent avec un mélange d'envie et d'appréhension. Certaines sont stressées. D'autres très en retrait, dans l'attente de consignes. Il y a souvent, au départ, cette posture figée comme si elles n'osaient pas :
« Je vais mal faire. »
« Qu'est ce qu'elle va penser de moi ? »
Je ne vois pas cela comme une gêne. Plutôt comme un passage obligé, un moment nécessaire pour atteindre le lâcher-prise.
L'idée n'est jamais de faire poser pour poser. C'est de trouver ce moment où le geste devient naturel.
Alors je m'adapte. Je parle doucement. Je propose sans imposer.
J'oriente parfois le mouvement ou le regard, toujours en fonction de la personne que j'ai en face, de ce qu'elle semble être prête à explorer.
Je cherche ce déclic subtil, celui qui permet au modèle de dépasser ses appréhensions, de bouger autrement, et de se sentir à l'aise, dans une zone de confort que l'on construit ensemble.
Cette « safe place » est cruciale pour moi. Elle se crée progressivement, avec patience et bienveillance.
Je sais que pour certaines personnes, être photographiées est une mise à nue. Alors il est essentiel pour moi d'être un guide doux, souriant, jamais intrusif.
C’est dans cette bulle là que le portrait peut apparaître.
Une bonne photo ne naît pas d’une pose parfaite. Elle surgit d’un geste un peu inattendu, d’un souffle plus calme, d’un relâchement du visage.
Mon objectif est simple : que mon modèle pose comme il respire. Pas comme il pense devoir le faire, mais comme ça vient, là, dans l'instant.
Ma direction est là pour accompagner ce glissement. Elle s’adapte, elle prend parfois des détours, elle attend. Et quand quelque chose d’authentique émerge, je sais que la séance est véritablement lancée.
Après cela, plus besoin de chercher. Les gestes deviennent plus vrais, le lien s'installe vraiment.
La séance se termine souvent comme elle a commencé : en douceur.
Mais quelque chose à changé. Le regard est plus assuré, le corps plus libre et le silence plus complice.
Photographe et modèle on trouvé un rythme commun, un langage discret, celui de la confiance, celui de la présence.
Et c'est peut-être ça, le plus beau dans l'image qui reste. Sentir que, le temps d'un portrait, la timidité n'a pas disparu, mais qu'elle s'est transformée.
C'est elle qui a donné cette sincérité, cette profondeur, cette beauté.
Merci d'avoir pris le temps de me lire. Si tu as envie de réagir, de me poser une question ou simplement de me laisser un petit mot, n'hésite surtout pas à laisser un commentaire. Je me ferai une joie de te lire et de te répondre !
En attendant la publication d'un prochain post, tu peux continuer à suivre mon parcours sur mon compte Instagram : lgp.photographie
A bientôt,
Laurie
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